Les satellites viennent en aide à la gestion de l'épidémie de scolyte



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La forêt wallonne, au même titre que ses voisines européennes, est confrontée à une épidémie très importante de scolytes (Ips typographe et Chalcographe). Elle s'explique en grande partie par les chablis liés aux tempêtes Eleanor et David en 2017 ainsi que par les conditions climatiques de 2018, particulièrement favorables à la prolifération de l'insecte. Face à cette situation, les gestionnaires, qu'ils soient publics ou privés, doivent relever le défi de repérer dans les meilleurs délais les arbres atteints afin de les exploiter et de limiter autant que possible l'amplification du phénomène.

Face à l'ampleur de la crise scolyte, une carte de localisation de sites potentiellement touchés a été produite sur environ 10.000 km² (sud du Sillon Sambre-Et-Meuse). Le caractère parfois très diffus du phénomène et la localisation de beaucoup d'arbres atteints en bordure de peuplement nous ont conduit à utiliser des images à très haute résolution (SPOT 6, résolution de 1,5 m) acquises durant l'automne 2018.

L'approche retenue se base sur le seuillage d'un indice de végétation normalisé (NDVI) à l'intérieur d'un masque correspondant aux peuplements d'épicéas. Ce masque a été produit en combinant la couche orthoimage de 2018 du SPW (résolution 25 cm) et une série d'images satellitaires Sentinel-2 produites par l'ESA (résolution 10 m).

La carte finale, qui prend la forme d'une couche de points, correspond aux arbres qui présentent une valeur anormalement basse de NDVI. Ces points sont issus du croisement entre la couche NDVI seuillée et les maxima locaux (censés représenter les apex des arbres) dérivés du vol LiDAR réalisé en 2014 sur l'ensemble de la région wallonne. La couche finale a été mise en ligne sur une page web en superposition avec différentes couches cartographiques de référence (fond topographique, ortho-image et cadastre).

Les principales sources d'erreurs, pouvant conduire à des omissions (faux négatifs) ou des commissions (faux positifs), sont liées à l'imprécision du masque "épicéa", à la présence éparse de feuillus ou de mélèzes dans les pessières, à la présence de grandes quantités de cônes sur certains épicéas ou la présence de zones ombragées (versant Nord Nord-Ouest) sur les images acquises en automne. La précision « utilisateur » de la carte a été globalement évaluée à 70 %, soit 30 % de faux positifs. Le taux d'oublis (faux négatifs) n'a pas pu être estimé.

Carte de localisation d'épicéas scolytés ou dépérissants

Nicolas Latte

 

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