Que savent réellement les jeunes des changements climatiques ?
Depuis plusieurs mois, Vivasciences et l’axe Biosystems Dynamics and Exchanges (BIODYNE) de Gembloux Agro-Bio Tech - Université de Liège informent les jeunes sur les causes physiques du réchauffement climatique et sur les multiples conséquences de ce dernier. En collaboration avec l’Université d’Anvers, pour le compte du WWF et avec le soutien financier du SPF Environnement, des « ateliers climatiques » sont organisés à destination des écoles primaires et secondaires aux quatre coins de la Belgique.
Informer, initier à la démarche scientifique, développer l’esprit critique… Tels sont les objectifs des partenaires de ce projet d’ateliers climatiques donnés au sein des écoles par Lionel Muytjens, en charge de la cellule Vivasciences (projet de diffusion des sciences et technologies de Gembloux Agro-Bio Tech - Université de Liège). En amont de ces ateliers, il existe une volonté du Service Public Fédéral Santé Publique, Sécurité de la chaîne alimentaire et Environnement de sensibiliser les générations futures aux enjeux du réchauffement climatique en formant les enseignants et les élèves à cette thématique. Coordinateur de cette mission, le WWF a fait appel au Pr. Bernard Heinesch de Gembloux Agro-Bio Tech pour élaborer et présenter des animations adaptées à un public scolaire, avec le soutien de Vivasciences.
Mais comment parvenir à toucher les jeunes, à apporter d’une voix claire des éléments scientifiques fiables parmi le tumulte des lanceurs d’alertes, des manifestants, des discours politiques… et parfois des « à peu près » ou des véritables « fakes news » ? En prenant un peu de recul avec les enjeux socio-politiques liés au réchauffement climatique, largement discutés dans la presse et dans la société civile, l’idée est de revenir à la compréhension même des bases physiques des phénomènes climatiques et de leurs répercussions sur la planète. Le défi a dès lors été de trouver une manière ludique d’aborder ces questions, tout en restant cohérent et rigoureux sur le contenu.
Au travers de discussions collectives, de schémas géants, de graphiques humains, d’illustrations et d’extraits de vidéo, les élèves ont pu comprendre l’importance de la présence des gaz à effet de serre dans notre atmosphère, mais aussi le danger de l’augmentation des émissions anthropiques de ces mêmes gaz. Et il s’agit souvent là des premières sources d’étonnement : la vie sur terre ne serait pas possible sans ces gaz et il existe des émissions naturelles de gaz à effet de serre.
Un autre moment fort est la découverte de la vidéo datant de 1979 avec Haroun Tazieff (un ancien diplômé de Gembloux Agro-Bio Tech) et le commandant Cousteau, qui se termine sur ces mots du présentateur : « vous êtes en train de paniquer les populations là ! » Ce qui ne manque pas de faire réagir les jeunes, dont les parents sont nés à l’époque de cette interview.
Dans la deuxième partie de l’atelier, les élèves se transforment en véritables laborantins et s’initient ainsi à la démarche scientifique. Répartis en plusieurs groupes, ils sont chargés d’étudier les conséquences du réchauffement climatique dans différentes régions du monde : fonte des glaciers, changement de l’albédo, dilatation de l’eau, acidification des océans, etc. Sous forme d’expériences ludiques, mais avec du matériel de laboratoire, des notions complexes telles que les boucles de rétroactions positives sont étudiées, comprises et expliquées au reste de la classe lors d’une phase de restitution.
Si ces ateliers créeront peut-être quelques vocations, ils permettent avant tout au plus grand nombre de mieux comprendre le monde scientifique et de pouvoir développer un esprit critique face aux flux d’informations disponibles. Quoi de plus agréable pour un animateur que d’entendre « j’ai enfin compris pourquoi on me dit toujours de faire cela » ou « en fait, il faut toujours faire attention à la façon dont sont donné les chiffres, les gens choisissent toujours de présenter ceux qui les arrangent le mieux ».
Qui a dit que les jeunes ne savent plus réfléchir ? En tout cas pas nous ! Et ce n’est certainement pas le cas de ceux que nous avons rencontré et ceux que nous croiserons encore sur les deux prochaines années de ce projet d’éducation.
UPDATE du 21 avril 2021
Le projet en est à sa troisième année et reprends dans les écoles, en respect des mesures sanitaires liées à la covid-19.
