L'étude des odeurs racinaires du maïs permet d’expliquer les niveaux d’infestation de taupins
Une équipe de Gembloux Agro-Bio Tech - ULiège vient de publier une nouvelle recherche dans Journal of Pest Science au sujet de l'infestation des taupins et du lien de cette présence avec les taux de COV racinaires du maïs.
Les taupins (Coleoptera: Elateridae) sont des insectes polyphages communs vivant dans le sol. Ils se nourrissent des racines et des tubercules de céréales, de pommes de terre, de canne à sucre et de certaines plantes ornementales. Les taupins, comme Agriotes sordidus Illiger et les espèces apparentées, sont des ravageurs importants pour un grand nombre de plantes agricoles à travers le monde. En Europe, le maïs est la culture la plus touchée, les larves causant d’importants dégâts qui peuvent entraîner jusqu'à 50% de pertes, en particulier chez les premiers stades.
La gestion de ce ravageur n'est pas totalement efficace et évolue constamment. La rotation des cultures et l'application d'insecticides réduisent le niveau des dégâts, mais ont un succès limité. Par conséquent, des stratégies de gestion supplémentaires sont nécessaires.
"Dans cette étude, nous avons pu observer en champs de fortes différences entre les niveaux d'infestation par les taupins de quatre variétés de maïs. Nous avons donc soulevé et testé l'hypothèse selon laquelle ces variétés de maïs sont plus attractives pour les taupins car elles émettent des composés organiques volatils (COV) particuliers au niveau de leurs racines. En effet, comme la plupart des insectes ravageurs phytophages, les taupins sont soupçonnés d'utiliser des COV émis par les plantes pour localiser les hôtes appropriés.
Par conséquent, nous avons donc collecté, séparé, identifié et quantifié les COV des racines de deux variétés de maïs ayant connu des niveaux contrastés d'infestation par les taupins sur le terrain (la plus attaquée et la moins attaquée). Nous avons montré que la variété la moins sensible libérait un mélange plus diversifié de COV, ainsi que de plus grandes quantités d'hexanal, d'heptanal et de 2,3-octénanedione. La diversité et la concentration plus élevées de COV pourraient jouer un rôle sur la répulsion des ravageurs, expliquant la différence de sensibilité de cette variété par rapport à l'autre.
Des essais comportementaux en laboratoire ont montré que les taupins étaient fortement attirés par les COV libérés par les racines de maïs. Cependant, lorsque les taupins se sont vu proposer les deux variétés de maïs, aucune préférence n'a été détectée, contrairement aux résultats obtenus sur le terrain. Ce résultat peut être dû à la différence de conditions entre le terrain et le laboratoire. C’est pourquoi de plus amples recherches sont nécessaires pour affiner notre connaissance sur le rôle des composés sémiochimiques dans la relation entre les taupins et leurs plantes hôtes, et ainsi développer des solutions efficaces pour lutter contre ce ravageur".
Diana la Forgia(1), Jean-Baptiste Thibord(2), Philippe Larroudé(2), Frédéric Francis(1), Georges Lognay(1), François Verheggen(1)
(1) Gembloux Agro-BIo Tech - ULiège
(2) Arvalis Institut du Végétal - France
