Sensibilisation

Conseil d’éthique de l’AG : Le point sur les violences sexuelles et sexistes



Les mouvements #MeToo et #BalanceTonPorc ont permis de libérer la parole des femmes et de rendre visibles les violences sexuelles en faisant changer de camp la honte. L’écho se poursuit au travers de multiples publications, de procès médiatisés et de campagnes de sensibilisation/prévention. Le Conseil d’éthique de l’AG publie les résultats de son enquête et révèle l’état de la situation à Gembloux.

Pour la première fois, une enquête étudiante propose de mesurer l’état de la situation à Gembloux pour faire prendre conscience à tous du problème des violences sexuelles et sexistes. Une enquête sur dépôts de témoignages anonymes afin de rendre compte d’une réalité trop souvent tabou et ignorée.  

Myriam Kains, Vice-Présidente Extérieur de l’AG (Association générale des Etudiants de Gembloux Agro-Bio Tech), détaille leur approche : « Dans le cadre du conseil d’éthique, plusieurs étudiants et étudiantes ont formé une équipe afin de se réunir autour de ce sujet et réfléchir ensemble à une approche constructive. L’idée est de faire de la sensibilisation pour qu’il y ait une prise de conscience et une évolution des mentalités aussi bien au sein de la communauté estudiantine que parmi les membres du personnel ».

En 2020, suite à un fait de harcèlement au sein de l’AG, il a été décidé que le Conseil d’éthique aborderait la thématique les violences sexuelles et sexistes. Mais comme la crise du Covid-19 a retardé ce projet, l’AG a choisi de poursuivre ce travail en 2021. « Nous avons opté pour une version en ligne, via notre page Instagram et Facebook « Conseil Ethique gxabt », pour le faire malgré la situation sanitaire actuelle. Nous sommes une équipe d’une quinzaine d’étudiants dont Claire Fastré et Clara Lhoest en sont les co-présidentes. Avant de démarrer notre campagne de sensibilisation, nous avons réalisé un sondage qui a été diffusé du 9 au 24 février. Cela nous a permis de récolter à peu près 600 réponses et une centaine de témoignages. Le sondage s’adressait aussi bien aux anciens et actuels étudiants de la Faculté de Gembloux qu’aux membres du personnel ».

En plus du compte Instagram Conseil Ethique GxABT, une page « Balance ton agro » a été créée sur le même réseau social pour publier les témoignages des victimes. Elle s’inscrit dans le prolongement d’autres mouvements étudiants comme « Balance ton folklore » ou « Balance ton comitard ».

Des chiffres interpellants

« Après avoir publié et analysé les résultats du sondage, nous avons organisé notre campagne de sensibilisation selon 3 grands volets : les violences sexistes et sexuelles, les inégalités de genre et les discriminations dans la communauté LGBTQIA+ », poursuit Myriam Kains.

Quelques chiffres tirés du sondage du Conseil Ethique de l’AG :

  • 79% des répondantes déclarent avoir été victimes de sexisme. Cela va de la blague à caractère sexiste aux remarques inappropriées en passant par le harcèlement de rue.
  • Dans 80% des cas, les femmes et minorités de genre sont persécutées par des hommes.
  • Un tiers des femmes ont vu leurs compétences remises en cause en raison de leur genre (pour seulement 4% chez les hommes).
  • Plus d’une femme sur deux dit avoir subi des violences ou des attouchements non-consentis.

« Avec les différents membres du conseil d’éthique, nous avons eu une réunion avec le Décanat afin de discuter des résultats du sondage et de leur indiquer ce qui devait être mis en place pour réduire ses chiffres plus qu’alarmant. Nous avons beaucoup discuté et c’était une bonne chose de voir que cela touche nos autorités ». En effet, le 4 mai une réunion pour envisager les mesures à prendre a été organisée. Le Doyen Frédéric Francis rapporte : « Dans un premier temps, nous allons communiquer et faire de la sensibilisation. Nous nous entretenons actuellement avec la Vice-Rectrice en charge de l’Enseignement et du Bien-être, la Professeure Anne-Sophie Nyssen, pour mettre des actions en place. Nous sommes décentralisés par rapport à l’Université de Liège et cela induit que l’aide à la vie étudiante est moins accessible. Nous allons réfléchir avec les services centraux pour offrir aux étudiants gembloutois des services semblables à ceux qui sont offerts à l’ensemble des étudiants. Ces décisions devraient être d’application pour la prochaine année académique ».  

Des résultats à mettre en perspective

« Il ne doit pas y avoir méprise, nous n’accusons pas la Faculté de Gembloux spécifiquement. Ce sont des étudiants gembloutois qui ont parlé mais ce sont des violences qui sont subies un peu partout. Pas essentiellement sur le campus. C’est délicat. Au départ, on pensait plutôt à choisir l’hashtag « Balance ton gembloutois » mais ce terme était trop genré… Et, surtout, notre enquête ne s’appliquait pas à Gembloux dans son ensemble. Comme dans les autres universités, on limite nos champs de recherche à la Faculté et à la vie étudiante. Mais dans les témoignages reçus, le harcèlement de rue ne s’applique pas qu’à la Faculté. Certains témoignages rapportent des faits qui ont eu lieu avant ou après être passé par la Faculté. Si on a choisi la formule « Balance ton Agro », c’est pour sélectionner le terme le plus général et le moins genré ».

Un rapport détaillé et une auto-critique du questionnaire et des résultats seront publiés d’ici la fin de l’année scolaire. De prochaines actions sont en cours de réflexion comme la projection du film « Picture a scientist », traitant justement des inégalités homme-femme dans le milieu de la recherche et l’organisation de l’exposition « Je ne suis pas tes mots » sur le campus de Gembloux.

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