En mai, tonte à l’arrêt : L’œil des entomologistes



Les insectes polinisateurs sont les bénéficiaires directes de l’opération du Vif « En mai, tonte à l’arrêt ». Les bouquets d’herbes hautes et de fleurs communes sont un garde-manger qui ne se limite pas qu’aux abeilles. Le Professeur Frédéric Francis, Doyen de la Faculté de Gembloux Agro-Bio Tech et responsable du Laboratoire d’Entomologie fonctionnelle et évolutive, évoque son travail commun avec le Laboratoire de Biodiversité et Paysage.

Le travail d’origine sur BioPlanner était de l’initiative de l’équipe du Professeur Gregory Mahy qui étudie la diversité végétale, notamment en milieu urbain et péri-urbain. Dans notre article précédent, nous développions les compétences mises en place pour adapter la plateforme aux besoins de l’opération du journal Le Vif. Mais l’étude des insectes est un domaine qui nécessitait l’intervention d’une autre équipe de la Faculté de Gembloux Agro-Bio Tech, celle d’Entomologie fonctionnelle et évolutive.

Le Professeur Frédéric Francis, Doyen de la Faculté et entomologiste, retrace sa collaboration avec l’équipe du Professeur Mahy : « J’ai été contacté par mon collègue pour fournir notre expertise sur les insectes pollinisateurs susceptibles d’interagir avec la flore. Forcément, les interactions plante-insecte sont dans notre domaine d’étude mais en soulignant la grande variété d’espèces qui entrent dans la catégorie ‘pollinisateurs’. Dans notre équipe, chacun a ses spécialités. Chez les Hyménoptères, il est facile de différencier un bourdon d’une guêpe ou d’un frelon. C’est plus compliqué pour identifier l’espèce sur base de plusieurs critères morphologiques précis à observer. Il y a des milliers d’espèces dans la super-famille des Hyménoptères Apoïdes. Cette diversité est réduite quand on se limite à ce qui se trouve en Belgique. Mais les abeilles ne sont pas les seules à participer à la pollinisation des plantes à fleurs ».     

La diversité des insectes pollinisateurs

Si le grand public pense aux abeilles lorsque l’on parle d’insectes polinisateurs, c’est avant tout à cause de la menace sévère qui les guette. Elles sont représentatives des multiples dangers du changement climatique et de la pollution qui pèsent sur la biodiversité. D’autres insectes participent également à la pollinisation. « Il faut ajouter à la liste les papillons, par exemple. Je pense aussi aux diptères (les mouches) et en particulier la famille des Syrphes à laquelle je m’intéresse particulièrement. Il y en a de nombreuses espèces, souvent difficiles à distinguer pour des yeux non-expérimentés car, pour certaines d’entre elles, elles sont mimétiques des abeilles et rendent la distinction plus subtile. En plus, leurs larves se nourrissent de pucerons avant de se tourner vers le nectar des fleurs. Ce sont donc aussi des auxiliaires prédateurs pour les cultures. On pense encore moins aux Coléoptères, tels que les cantharides et les longicornes (Cerambycidae), dont mon collègue Rudy Caparros est spécialiste. Plus connues pour le contrôle biologique des pucerons, les coccinelles participent aussi à la pollinisation et sont étudiées depuis des décennies en entomologie à Gembloux. Une liste des pollinisateurs les plus communs chez nous a été transmise au collègue Grégory Mahy ». La liste doit permettre aux participants de compléter leurs observations en constatant les nouveaux pensionnaires ou visiteurs minuscules qui vont butiner dans leur jardin. 

Une fois familiarisé avec la faune et la flore décrite dans les guides de BioPlanner, le compte des plantes à fleurs dans le carré de non-tonte donnera l’indice nectar. Cette valeur vous indiquera l’estimation des bénéfices de votre jardin envers les insectes pollinisateurs.

Si vous vous découvrez une passion ou de la curiosité pour ces petites bêtes, il existe le musée Hexapoda, Insectarium Jean-Leclercq à Waremme, qui est la vitrine pour le grand public des collections et thématiques entomologiques développées à Gembloux Agro-Bio Tech – ULiège. En plus d’un nouveau bâtiment, ce musée aménage justement de nouveaux jardins entomologiques incluant des murs végétalisés, des toits verts et des structures de démonstration d’agriculture urbaine pour illustrer des actions visant une meilleure symbiose avec leurs plantes-hôtes.    

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