EcoFoodSystem

30 hectares de parcelles expérimentales dédiés à la production des régimes alimentaires de demain



Issu du Centre d’Appui à la Recherche et à l’Enseignement « Agriculture Is Life » de la Faculté Gembloux Agro-Bio Tech, l’expérience EcoFoodSystem est un ensemble de parcelles consacrées à l’expérimentation dans l’agriculture. L’expérience se découpe en plusieurs catégories d’agricultures plus ou moins éco-responsables qui doivent servir à dessiner l’agriculture de demain, pour les horizons de 2050.

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éparties dans l’entourage de la réserve naturelle de l’Escaille, les cultures dédiées à EcoFoodSystem couvrent près de 30 hectares où les chercheur·es et étudiant·es de la Faculté de Gembloux Agro-Bio Tech vont étudier sur le long-terme la durabilité de différents modèles d’agriculture. Cette expérience de longue haleine doit s’étendre sur 16 ans, c’est-à-dire deux cycles complets de rotations de cultures de huit années.

La méthodologie entend analyser quatre formes d’agricultures contrastées. La première rotation est surnommée « business as usual ». Elle a recours aux herbicides, utilise des animaux domestiques sans se soucier d’équilibrer leur nombre avec la capacité de production du territoire et s’inscrit dans un régime alimentaire ouvert comme on en connaît de nos jours (import, export). La seconde est identique sauf qu’on y proscrit tout type de produit phytosanitaire. Les troisième et quatrième rotations sont semblables. Elles s’inscrivent dans une agriculture à échelle locale saine et durable en ajustant la production aux consommations d’une population qui s’alimenterait suivant les recommandations du rapport EAT-Lancet. Ces deux méthodes adhèrent au « zéro phyto ».  L’une a toujours recours aux animaux, mais en réduisant drastiquement leur nombre tandis que la dernière méthode se projette dans une société qui serait devenue antispéciste et refuse le recours aux animaux d’élevage.

En faisant l’étude comparative de ces 4 méthodes d’agriculture, le projet EcoFoodSystem entend à terme produire une synthèse des perspectives d’évolution pour l’agriculture actuelle.

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Le Rapport EAT LANCET, fondement d’une recherche de consommation responsable

Le projet EcoFoodSystem s’est appuyé sur le Rapport de la « Eat-Lancet Commission » pour établir l’alimentation idéale de demain. Jérôme Bindelle, professeur de Gembloux Agro-Bio Tech, explique la démarche : « Le rapport de la Commission propose une diminution drastique du sucre et des produits carnés dans notre alimentation, en particulier la viande rouge. Ce sont des changements de consommation globalement nécessaires pour une production en adéquation avec les besoins alimentaires mondiaux. La Commission définit des proportions dans les aliments pour produire sainement, durablement, à destination de consommateurs omnivores et végans. Bien sûr, ce sont des recommandations mais nous nous y sommes pliés pour en étudier la faisabilité du point de vue agronomique. C’est pour cela que nos cultures vont se concentrer sur la production non seulement de froments, mais aussi de petits pois et de fèves ainsi que du colza et de la cameline ».

« Le colza et la cameline permettent la production d’huiles riches en oméga 3. Les petits pois et les fèves figurent le besoin en protéagineux proposés par le rapport. Nous disposons déjà d’une production excédentaire de patates et de betteraves en Belgique. Elles ne nécessitaient donc pas d’être intégrées dans notre expérience. Nous avons commencé une première année blanche où nous n’avions planté que du froment pour partir d’une page blanche. Le sol a un effet mémoire important. C’est pour cette raison que nous envisageons deux cycles de 8 ans pour en étudier profondément la pérennité ».

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Les cultures seront encadrées de bordures écologiques dont les coquelicots colorent déjà les broussailles. Ces zones refuges sont importantes pour les insectes auxiliaires et pour en étudier les effets de la réduction des produits phytos sur les 30 hectares de parcelles.  En effet, il est indispensable d’activer des leviers agroécologiques afin de pouvoir se passer de ces produits. L’étude de ces modèles éco-responsables risque pourtant de diminuer les rendements actuels de l’agriculture, ce qui questionne la capacité de nos sociétés à nourrir près de 10 milliards d’êtres humains pour l’horizon de 2050. « Nos premières récoltes seront indicatives des pertes de rendement attendues et d’autres difficultés fortuites mais c’est sur le long terme que nous en aurons le cœur net en étudiant la résilience globale année après année. EcoFoodSystem est un projet unique qui esquisse les changements nécessaires de notre agriculture. Elle sera très instructive pour les changements de société qui nous attendent ».

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