Voyage à Avignon : Des Alpilles à la Camargue, un florilège d’études de terrain sur la restauration écologique



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Pendant dix jours, une vingtaine d’étudiants bioingénieurs et architectes paysagistes ont exploré la région d’Avignon et du bassin méditerranéen français dans le cadre du module d’ingénierie écologique. Un voyage d’étude principalement axé sur les processus de revitalisation d’espaces naturels menacés.

En ce début de quadrimestre, 19 étudiants des Master 2 « Bioingénieur : Gestion des forêts et Espaces Naturels » et « Architecte paysagiste » ont étudié plusieurs projets de restauration écologique. Un panel de professionnels de terrain, responsables de projets européens, chercheurs et guides nature les ont accueillis sur différents sites de grand intérêt. Ces dix jours de rencontres et analyses sur des écosystèmes variés étaient l’occasion privilégiée pour étudier les processus écologiques de restauration des écosystèmes dégradés.

Arthur Vander Linden, étudiant bioingénieur de Gembloux Agro-Bio Tech, nous explique son expérience : « Chaque situation est spécifique. En dix jours, on aborde de nombreux cas très différents. On est passé d’un milieu salin en bord de mer à des milieux montagneux dans les Alpilles. On a pu découvrir un large éventail d’interlocuteurs et de procédés. Qui plus est, l’aspect humain, surtout en période post-covid, était très bénéfique. On s’est rapprochés entre étudiants et avec le corps professoral ».

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De l’étude aux cas concrets

La région dispose de nombreux sites naturels dont l’étude est précieuse pour visualiser la diversité des applications écologiques du bioingénieur. Parmi eux, la tour du Valat est un institut de recherche renommé pour la conservation des zones humides. Elle se tient au milieu de la Camargue et offre un vaste domaine d’étude sur sa biodiversité. S’y ajoute le site expérimental de Font-Blanche et ses recherches sur l’impact du changement climatique dans les forêts méditerranéennes, à l’aide notamment d’une tour à flux, une structure mesurant les flux d’énergie et de matières (eau, carbone) échangés entre le couvert forestier et l’atmosphère. Plus haut en altitude, le Parc Régional des Alpilles, soutenu par le projet européen Life Alpilles, travaille à la sauvegarde d’espèces d’oiseaux emblématiques comme l’aigle de Bonelli ou le Vautour Percnoptère.

Toutes cette diversité de projets publics et privés a permis d’illustrer la variété des besoins en conservation ainsi que les actions concrètes mises en œuvre pour la biodiversité. Face à ces exemples, les jeunes bioingénieurs y approfondissent la polyvalence des actions de leur profession et les nombreuses applications de préservation des écosystèmes menacés.

« Lorsque l'on applique des techniques d'ingénierie écologique, notre démarche vise à utiliser des processus naturels pour atteindre un objectif bénéfique, soit pour l'homme, soit pour la nature, ou pour les deux simultanément. Par opposition à certaines techniques d'ingénieries civiles, nous essayons d'avoir un impact au moins neutre, sinon positif sur notre environnement. Une des principales branches de l'ingénierie écologique vise à restaurer des écosystèmes endommagés suite à des actions humaines. En agissant sur des processus naturels, on peut permettre la reconquête de certains écosystèmes anciens, ou permettre à de nouveaux de s'installer avec des conditions écologiques parfois tout aussi intéressante – les néo-écosystèmes », explique Arthur Vander Linden.

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Combattre l’érosion de la biodiversité

Avec le temps, de nombreux sites industriels ont pu occasionner des dommages sur la biodiversité. Pour en accélérer la réhabilitation ou éviter leur stagnation, les bioingénieurs définissent les actions adéquates pour relancer les dynamiques naturelles. Ce que les étudiants ont pu constater, notamment via l’exemple de la réserve naturelle nationale des Coussouls de Crau.

En 2009, cette surface steppique unique en France subit une grave pollution aux hydrocarbures suite à la rupture d’un pipeline. La pollution va s’étendre jusqu’à la nappe phréatique et nécessiter des profonds travaux de dépollution. La restauration est rendue possible en rétablissant les conditions écologiques grâce à un transfert de sols qui respecte la structure initiale et par l'emploi de fourmis moissonneuses.

« La réintroduction de ces fourmis a permis d'améliorer la porosité du sol et la redistribution des graines de la steppe de référence. Le sol, tassé et hermétique, pauvre en espèces typiques, n'aurait pas retrouvé le faciès caractéristique sans cette activité. Ces fourmis creusent des galeries et y acheminent continuellement des graines prélevées dans leurs environnement direct. Elles agissent sur les échanges organiques qui ont permis de revitaliser les sols et rétablir en partie la composition végétale de la steppe », énonce Arthur Vander Linden. « Ces procédés démontrent la pertinence des démarches d'ingénierie écologique et des techniques de restauration écologiques. Elles donnent de l’espoir pour lutter contre l’érosion de la biodiversité ».

 

 

Le module d'ingénierie écologique fait partie des activités du Master Bioingénieur Gestion des Forêts et Espaces Naturels.

Le bioingénieur en Gestion des forêts et des espaces naturels est formé pour répondre aux grands enjeux sociétaux comme la déforestation, l'érosion de la biodiversité, les changements climatiques, etc.

Il contribue ainsi à mettre en valeur, au bénéfice de tous et, en particulier, des populations locales, les biens et services que fournissent les écosystèmes.

La formation proposée dans ce master repose sur de multiples activités de terrain.

En savoir plus sur le Master Bioingénieur Gestion des Forêts et Espaces Naturels

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