Portrait de Manon Genva
En 2022, Manon Genva a rejoint l’axe Chemistry for Sustainable Food and Environmental Systems (CSFES) de Gembloux Agro-Bio Tech, en tant que première assistante. Son intérêt pour la chimie des molécules naturelles se reflète tant dans son domaine de recherche, que dans les cours de chimie qu’elle encadre pour les étudiants bioingénieurs gembloutois.
Manon Genva était familière du campus de Gembloux Agro-Bio Tech bien avant son assistanat puisque c’est au sein de cette même faculté qu’elle réalise son master de Bioingénieur en Chimie et Bio-Industries. Son mémoire sur la thérapie du mésothéliome, une tumeur maligne de la plèvre, lui a notamment permis de se spécialiser en biologie moléculaire.
Une fois diplômée, elle entame une période de 6 ans en tant qu’assistante durant laquelle elle consacrera la moitié de son temps à enseigner la chimie générale et organique. Pendant l’autre moitié, elle se concentrera sur son sujet de recherche : les oxylipines estérifiées.
« On sait que les plantes produisent certaines classes de molécules quand elles sont soumises à des stress, et l’objectif était de comprendre le rôle de ces molécules » Manon Genva
Source : Carolina Levicek
Les oxylipines, comme l’acide jasmonique, sont des composés produits suite à l’oxydation d’acides gras qui jouent des rôles dans les mécanismes de défense des plantes et dans leur développement. On distingue deux formes d’oxylipines : les libres et les estérifiées. L’appellation « estérifiées » provient du fait que ces oxylipines peuvent être liées à d’autres types de molécules comme à des sucres, formant ainsi des molécules plus complexes.
Contrairement aux oxylipines libres, les oxylipines estérifiées font l’objet de peu d’études et leurs fonctions précises restent donc indéterminées. C’est pourquoi, dans sa thèse « Plant Esterified Oxylipins : Molecular Characterization and Structure-Function Relationships », Manon Genva tente de comprendre leurs rôles dans les réponses des plantes aux stress. Les oxylipines estérifiées pourraient « avoir des fonctions directes ou être utilisées comme un réservoir d’oxylipines libres, qui peuvent ensuite agir directement ou être utilisées pour la synthèse de l’acide jasmonique ».
Molécule d’oxylipine estérifiée. Source : Manon Genva
Une fois sa thèse finie, le Dr Genva entame un postdoctorat au sein du Laboratoire de Biogenèse Membranaire (ou LBM), associé avec le CNRS et l’Université de Bordeaux. Lors de ce postdoctorat, elle travaille principalement au développement et à la validation d’une méthode de détection et de quantification des phospholipides anioniques dans des extraits végétaux par chromatographie en phase liquide à haute performance (HPLC) couplée à la spectrométrie de masse (MS/MS). Les phospholipides anioniques sont une famille de lipides qui s’accumulent en très faibles quantités chez les organismes végétaux mais dont les fonctions sont importantes, notamment dans la signalisation cellulaire. Comme ces phospholipides sont difficilement analysables, il était essentiel de développer de nouvelles méthodes pour détecter et quantifier ces molécules.
Après ce postdoctorat, Manon Genva quitte la Gironde pour Gembloux et devient première assistante au sein de l’axe Chemistry for Sustainable Food and Environmental Systems (CSFES). En plus de continuer ses travaux de recherche sur les lipides membranaires des plantes, elle participe notamment à plusieurs projets de recherche sur le remplacement des biocides de synthèse par des métabolites secondaires de plantes et ce tant en Belgique qu’au Sénégal ou au Congo. Ces sujets font justement écho aux grands enjeux auxquels la chimie et la biochimie actuelles doivent participer.
« Dans la recherche de nouvelles alternatives aux biocides de synthèse, il y a, en plus de l’aspect environnemental, un aspect “santé” que je trouve très intéressant pour les utilisateurs qui manipulent les produits mais aussi pour les consommateurs finaux des productions agricoles. » Manon Genva
En tant qu’enseignante, elle souhaite également encourager les étudiants à développer leur curiosité, leur sens de l’analyse et leur esprit critique notamment en les faisant participer activement à des projets de recherche. Cela leur permet d’apprendre à prendre du recul par rapport aux résultats obtenus et d’apprendre à émettre des hypothèses pour expliquer ceux-ci, notamment en les comparant à la littérature scientifique.
