Le programme de recherche Intell’eau : Vers un outil de gestion du territoire pour limiter le ruissellement et l’érosion



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Le programme de recherche Intell'eau est le fruit d'une collaboration entre Gembloux Agro-Bio Tech (ULiège), l'UCLouvain (Earth and Life Institute), le CRA-w et le CIPF. Financé par le SPW-Agriculture, ce projet développe un outil de gestion hydrologique des bassins versants agricoles pour la lutte contre l'érosion des sols, la gestion du ruissellement et la limitation des contaminations d'eaux de surface.

Consultez le site web du projet Intell'eau

 

L’érosion des sols est ce phénomène naturel qui voit les pluies et les ruissellements de surface emporter une partie des sols, notamment ceux des cultures agricoles. Cette érosion peut être aggravée ou diminuée par la nature de l’occupation des terres et par l’organisation du parcellaire. Ce phénomène devient préoccupant lorsque le taux d’érosion observé surpasse la capacité de formation naturelle des sols. C’est de ce constat de base que le programme Intell’eau a démarré. Il étudie différentes stratégies intra et interparcellaires, pour améliorer les capacités de rétention des eaux et des terres contenues dans ces ruissellements. L’objectif, à terme, est de produire un outil d’aide à la décision pour soutenir l’agriculture dans la gestion des sols, le tout en adéquation avec les enjeux économiques des agriculteurs. 

Adèle Froehlicher, doctorante en hydrologie et physique des sols à Gembloux Agro-Bio Tech, participe à ce programme de recherche et étudie l’implantation du miscanthus en bordure de cultures : « Nous manquions de données scientifiques pour établir la capacité de certaines plantes à ralentir le ruissellement et à provoquer le dépôt de sédiments. En envoyant un débit d’eau contrôlé en amont d’une parcelle de miscanthus, nous pouvons mesurer la quantité d’eau résultante en contre-bas. En y ajoutant des mesures de la hauteur d’eau ruisselante au sein de la parcelle, ces données permettent de vérifier la capacité d’une bordure végétale spécifique à ralentir les ruissellements ».

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Le miscanthus est une plante à faibles intrants, ce qui signifie qu’elle nécessite peu d’application de désherbants. Une attention particulière doit être apportée durant les deux premières années de sa pousse, avant que sa densité de tige et de feuilles ne suffise à éloigner les mauvaises herbes. Elle devient alors pérenne durant les 15 à 20 années suivantes. « Le miscanthus une plante graminée non invasive qui comporte différentes perspectives intéressantes pour les agriculteurs. Premièrement, elle est exploitable économiquement grâce à sa valorisation sous forme de biomasse. Ensuite, ses nombreuses tiges et leur densité au sol peuvent servir de frein hydraulique, comme une sorte de filtre naturel aux ruissellements. Son développement racinaire est également susceptible d’améliorer l’infiltration de l’eau dans le sol ».

Une seconde batterie de tests sont attendus pour étudier les mêmes aptitudes auprès de taillis de saule, dit « à courte rotation ». D’autres chercheurs des institutions participantes étudient également l’emploi de sous-semis de trèfles ou de fétuque entre les rangs de maïs. Les résultats obtenus permettront de dimensionner les aménagements futurs les plus efficaces pour limiter les phénomènes de ruissellement et d’érosion.

Quand l’actualité rattrape la recherche

Les inondations du mois de juillet ont surpris tout le monde. Si la météo a compliqué les travaux de recherches, ces évènements ont également confirmé le besoin de connaissances solides dans ce domaine. « On a repoussé nos tests pendant plusieurs semaines. Les pluies interminables du début du mois de juillet ne nous ont pas laissé le choix. Elles présentaient un risque de surestimation des mesures, vu que nous calculons un débit d’eau précis. Ajoutons à cela les risques inhérents à l’emploi de matériels électriques ou les difficultés d’accès aux champs, pleins de boues, pour nos véhicules ».

Les résultats du projet de recherche Intell’eau permettront le développement d’un nouvel outil de gestion des sols pour atténuer les risques d’érosions et limiter les dégâts qui en résultent. Les fortes précipitations récentes restent une démonstration exceptionnelle du changement climatique en cours et doit nous alerter quant aux dispositions nécessaires qui devront être prises à l’avenir.

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