Dubai World Expo 2020: Développer l'autonomie alimentaire dans le désert
De retour de l'exposition universelle de Dubaï, le Professeur Haïssam Jijakli, ingénieur agronome et responsable du Centre de Recherches en Agriculture urbaine pour la faculté Gembloux Agro-Bio Tech, revient sur sa masterclass "Du désert à l'assiette" au pavillon belge de l'exposition universelle de Dubaï.
Du 6 au 12 novembre, la « Semaine Wallonie-Bruxelles » prenait place au pavillon belge de l’exposition universelle à Dubaï. Parmi les représentants belges et wallons se trouvait le Professeur Haïssam Jijakli, responsable du C-RAU (Centre de recherche en Agriculture urbaine), pour y présenter ses travaux dans la thématique de l’agriculture hors-sol. « Nos productions et recherches convergeaient avec les besoins d’un pays comme les Émirats Arabes Unis. La contrainte du désert s’assimile à l’absence de terres fertiles que l’on rencontre dans l’agriculture urbaine. Près de 95% du territoire émirati est stérile. Nos systèmes de production innovants ont donc trouvé un écho positif auprès de nos interlocuteurs sur place », explique le professeur Jijakli.
Le C-RAU développe de nombreuses recherches dans le domaine de l’agriculture urbaine. L’Exposition Universelle 2020 était l’occasion de présenter ces solutions techniques auprès d’un public concerné par le développement de méthodes innovantes de productions alimentaires. « Les Émirats Arabes Unis souffrent d’une très faible autonomie alimentaire. Près de 95% de l’alimentation est importée. Il y a de vrais inquiétudes sur la fragilité de ce mode de vie. C’est à ce motif que des investisseurs concernés se penchent sur les méthodes de productions alimentaires compatible avec ce climat. Il y a aussi une recherche du moindre impact environnemental. C’est dans cette perspective que notre présentation se concentrait sur les méthodes d’agriculture « hors sol », qui utilisent peu d’eau et le moins possible d’intrants chimiques et qui sont particulièrement pertinentes dans le contexte des Émirats », poursuit le Professeur Jijakli.
L’étendu des possibles en agriculture hors-sol
La masterclass « Du désert à l’assiette » présentait les nombreuses solutions pratiques développées dans le cadre du C-RAU. À l’aide de la plateforme WASABI de Gembloux Agro-Bio Tech, le centre de recherches y explore la culture en serre sur toits, l’agriculture biologique à faibles intrants, l’aquaponie ou encore l’agrivoltaïque.
Parmi ces domaines, l’application « Smart Aquaponics » a connu des échos favorables auprès d’acteurs émirati. Smart Aquaponics est une application qui surveille les paramètres de l’eau d’une installation aquaponique, rendant ces informations accessibles depuis un téléphone. Le professeur Jijakli en a fait la démonstration directement depuis Dubaï pour consulter ses infrastructures en ligne à Gembloux.
Une série d’autres productions issus de la recherche ont été exposées à cette occasion :
- Aromathome, l’étagère hydroponique conçue dans le cadre de la spin-off Green Surf, développée en 2017.
- Le projet Groof, une collaboration menée par Groupe One, accompagne le développement de serres sur toits en milieu urbain.
- OptiBiomasse, le programme de développement d’un robot de phénotypage des plantes, cultivées en conditions contrôlées. Il exploite la culture hors-sol pour étudier et surveiller la production optimale de molécules végétales à destination du secteur (para)médical.
Ces solutions techniques participent aux objectifs de développement d’une agriculture durable dans le prolongement de la transition écologique annoncée ces dernières années. Depuis sa création en 2011, le C-RAU travaille aux solutions innovantes à appliquer dans la production alimentaire adapté aux villes et au péri-urbain.
Renforcer la coopération scientifique
Ce voyage aux Émirats s’est clôt au terme de la visite de l’Université de Sharjah. En présence du Ministre-Président de la Communauté Française, Monsieur Jeholet, la délégation a rencontré les autorités universitaires pour réfléchir à de nouveaux accords de coopérations académiques. Via plusieurs workshops et dialogues, ces rapprochements devraient faciliter les échanges d’étudiants et de chercheurs à l’avenir. « C’était aussi l’occasion de se rencontrer, entre les différents membres de la délégation, et d’en apprendre plus sur les apports de chacun. Ce fut très enrichissant », ajoute le Professeur Jijakli.
© Jérôme Van Belle - WBI
